🧧 Claude Et Georges Pompidou L Amour Au Coeur Du Pouvoir
Histoire immédiate" Claude et Georges Pompidou: l'amour au coeur du pouvoir (TV Episode 2011) Quotes on IMDb: Memorable quotes and exchanges from movies, TV series and more Menu . Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie
Undocumentaire inédit, signé Pierre Hurel, raconte ce mercredi 21 septembre à 20h35 sur France 3 les quatre années et demie du couple Pompidou à l’Élysée, depuis la
Lexposition Traces du sacré , qui s'est tenue au Centre Georges-Pompidou à Paris du 7 mai au 11 août 2008, se veut une célébration transdisciplinaire et résolument intellectuelle. L'événement s'efforçait de combler une lacune très française : l'absence d'exposition marquant le dialogue entre l'art et les figures du sacré au xx e siècle. Le pas avait déjà été franchi dès 1986
LeCentre Pompidou accueille Christian Boltanski du 13 novembre 2019 au 16 mars 2020 pour une grande exposition, "Faire son temps". Une exposition à la symbolique puissante, qui questionne la vie
Ona souvent plus d'envie de passer pour officieux que de réussir dans les offices, et souvent on aime mieux pouvoir dire à ses amis qu'on a bien fait pour eux que de bien faire en effet. Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. Le jeu : un besoin dans la vie pour faire passer le temps, pour faire passer l
Du05/08/2022 au 09/09/2022. DU 1 mai au 22 septembre 2022 : EXPOSITION DEAMBULATOIRE " TAUREAUX UN MYTHE UNE REALITE" des artistes CLAUDE VIALLAT et MICHEL STEFANINI. Cet évènement exceptionnel mettra en regard les "Tauromachies" de Claude Viallat et les "Minotaures" de Michel Stefanini. Il prendra la forme d'une promenade déambulatoire au cœur du village de
Lamour au coeur du pouvoir, raconte comment le couple a traversé les épreuves de la calomnie, puis les années à l'Élysée, où Claude a
Maisavant tout homme de cœur, de conviction, à la pointe de l’amitié, grand pourvoyeur de solidarité. Bon vent dans l’éternité de tes images cher Jean Claude. GAUTRAND Jean-Claude, Photographe, 1932, Sains-en-Gohelle, (France), Paris 2019. De 1938 à 1951, il poursuit des études primaires et secondaires à Paris.
Audébut des années trente, au Quartier latin, une rencontre inattendue réunit Georges Pompidou et Claude Cahour. Ils se marient quelques années plus tard et forment un couple uni partageant le goût de la littérature, de la musique, du cinéma. Très vite, ils fréquentent les galeries d'art et les artistes contemporains. Dès 1948, les Pompidou - comme on les appelle avec affection
7bHi. A Georges et Claude POMPIDOU …Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris » I. Seigneur Jésus, à la fin de ce livre que je T’offre comme un ciboire de souffrances Au commencement de la Grande Année, au soleil de Ta paix sur les toits neigeux de Paris - Mais je sais bien que le sang de mes frères rougira de nouveau l’Orient jaune, sur les bords de l’Océan Pacifique que violent tempêtes et haines Je sais bien que ce sang est la libation printanière dont les Grands Publicains depuis septante années engraissent les terres d’Empire Seigneur, au pied de cette croix – et ce n’est plus Toi l’arbre de douleur, mais au-dessus de l’Ancien et du Nouveau Monde l’Afrique crucifiée Et son bras droit s’étend sur mon pays, et son côté gauche ombre l’Amérique Et son cœur est Haïti cher, Haïti qui osa proclamer l’Homme en face du Tyran Au pied de mon Afrique crucifiée depuis quatre cents ans et pourtant respirante Laisse-moi Te dire Seigneur, sa prière de paix et de pardon. II. Seigneur Dieu, pardonne à l’Europe blanche ! Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières elle a jeté la bave et les abois de ses molosses sur mes terres Et les chrétiens, abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton cœur On éclairé leurs bivouacs avec mes parchemins, torturé mes talbés, déporté mes docteurs et mes maîtres-de-science. Leur poudre a croulé dans l’éclair la fierté des tatas et des collines Et leurs boulets ont traversé les reins d’empires vastes comme le jour clair, de la Corne de l’Occident jusqu’à l’Horizon oriental Et comme des terrains de chasse, ils ont incendié les bois intangibles, tirant Ancêtres et génies par leur barbe paisible. Et ils ont fait de leur mystère la distraction dominicale de bourgeois somnambules. Seigneur, pardonne à ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants De mes domestiques des boys et de mes paysans des salariés, de mon peuple un peuple de prolétaires. Car il faut bien que Tu pardonnes à ceux qui ont donné la chasse à mes enfants comme à des éléphants sauvages. Et ils les ont dressés à coups de chicotte, et ils ont fait d’eux les mains noires de ceux dont les mains étaient blanches. Car il faut bien que Tu oublies ceux qui ont exporté dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires Qui en ont supprimé deux cents millions. Et ils m’ont fait une vieillesse solitaire parmi la forêt de mes nuits et la savane de mes jours. Seigneur la glace de mes yeux s’embue Et voilà que le serpent de la haine lève la tête dans mon cœur, ce serpent que j’avais cru mort… III. Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France. Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père. Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des boeufs, pour engraisser ses terre à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier. Qu’elle aussi a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os Qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins. Oui, Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié. Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc. IV. Ah ! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine – mais je peux bien haïr le Mal Car j’ai une grande faiblesse pour la France. Bénis de peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa proclamer l’avènement des pauvres à la royauté Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux fraternels Bénis ce peuple qui m’a apporté Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupières lourdes à la lumière de la foi. Il a ouvert mon cœur à la connaissance du monde, me montrant l’arc-en-ciel des visages neufs de mes frères. Je vous salue mes frères toi Mohamed Ben Abdallah, toi Razafymahatratra, et puis toi là -bas Pham-Manh-Tuong, vous des mers pacifiques et vous des forêts enchantées Je vous salue tous d’une cœur catholique. Ah ! je sais bien que plus d’un de Tes messagers a traqué mes prêtres comme gibier et fait un grand carnage d’images pieuses. Et pourtant on aurait pu s’arranger, car elles furent, ces images, de la terre à Ton ciel l’échelle de Jacob La lampe au beurre clair qui permet d’attendre l’aube, les étoiles qui préfigurent le soleil. Je sais que nombre de Tes missionnaires ont béni les armes de la violence et pactisé avec l’or des banquiers Mais il faut qu’il y ait des traîtres et des imbéciles. V. O bénis ce peuple, Seigneur, qui cherche son propre visage sous le masque et a peine à le reconnaître Qui Te cherche parmi le froid, parmi la faim qui lui rongent os et entrailles Et la fiancée pleure sa viduité, et le jeune homme voit sa jeunesse cambriolée Et la femme lamente oh ! l’œil absent de son mari, et la mère cherche le rêve de son enfant dans les gravats. O bénis ce peuple qui rompt ses liens, bénis ce peuple aux abois qui fait front à la meute boulimique des puissants et des tortionnaires. Et avec lui tous les peuples d’Europe, tous les peuples d’Asie tous les peuples d’Afrique et tous les peuples d’Amérique Qui suent sang et souffrances. Et au milieu de ces millions de vagues, vois les têtes houleuses de mon peuple. Et donne à leurs mains chaudes qu’elles enlacent la terre d’une ceinture de mains fraternelles. DESSOUS L’ARC-EN-CIEL DE TA PAIX. Paris, janvier 1945 Léopold Sédar Senghor Paix
Alain Pompidou nous fait revivre la passion de ses parents pour l'art. Georges et Claude Pompidou formaient un couple pétri de culture classique mais... Lire la suite 9,99 € E-book - ePub Poche Expédié sous 3 à 6 jours 9,00 € Ebook Téléchargement immédiat 9,99 € Grand format Expédié sous 3 à 6 jours 19,90 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants Téléchargement immédiat Dès validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier Alain Pompidou nous fait revivre la passion de ses parents pour l'art. Georges et Claude Pompidou formaient un couple pétri de culture classique mais en avance sur son temps. Leur insatiable curiosité partagée, au-delà de la disparition du Président, apparaît donc doublement animée par l'amour de l'art. Un nouveau regard sur les Pompidou nourri par les témoignages inédits de Madeleine Malraux, Maïa Paulin, Pierre Soulages... Au début des années trente, au Quartier latin, une rencontre inattendue réunit Georges Pompidou et Claude Cahour. Ils se marient quelques années plus tard et forment un couple uni partageant le goût de la littérature, de la musique, du cinéma. Très vite, ils fréquentent les galeries d'art et les artistes contemporains. Dès 1948, les Pompidou - comme on les appelle avec affection - font l'acquisition de leur première toile abstraite signée d'un peintre alors peu connu Youla Chapoval. Par la suite, au fil des rencontres, leur collection se construit en relation étroite avec les créateurs. En 1958, Claude offre à son mari un Nicolas de Staël. En 1962, l'accrochage d'un Soulages dans le bureau du Premier ministre surprend. Quand, en 1969, à l'Élysée, le Président et son épouse font appel à Pierre Paulin et à Yaacov Agam pour la rénovation et la décoration de leurs appartements privés, force est de constater que l'art représente pour eux une raison de vivre. Que la création du Centre Pompidou viendra couronner. C'est cette fusion artistique, ce sens inné des ouvres capables d'entrer dans l'Histoire, leurs rapports avec les artistes qu'Alain Pompidou et César Armand dévoilent dans cet ouvrage biographique et intime, riche de souvenirs, de témoignages et d'illustrations. À travers le récit de leur fils, les souvenirs de l'épouse de Jean Coural, directeur du Mobilier national, de Maïa Paulin, Pierre Soulages, Jack Lang et bien d'autres, ce livre révèle le parcours initiatique autant qu'affectif d'un couple pas comme les autres, mu par une insatiable curiosité. Date de parution 09/11/2017 Editeur ISBN 978-2-259-26417-4 EAN 9782259264174 Format ePub Nb. de pages 260 pages Caractéristiques du format ePub Pages 260 Taille 22 882 Ko Protection num. Digital Watermarking Biographie d'Alain Pompidou César Armand est un jeune journaliste économique et politique, également amateur d'art. Alain Pompidou, fils de Claude et Georges Pompidou, passionné et collectionneur d'art, est professeur émérite de biologie médicale - il réalise ses propres brevets dans le champ du diagnostic. Après la publication de la correspondance de son père et d'un livre sur sa mère, il consacre son temps aux archives familiales.
1Alors que le moment 68 » semble s’imposer comme un jalon incontournable dans l’histoire du rire et de la dérision, l’analyse des formes et des supports de cet éclat de rire » généralisé reste à faire. Bertrand Lemonnier, en travaillant ici l’hypothèse d’un glissement de l’humour vers la dérision, propose une première approche de cette problématique, des événements de mai jusqu’à nos jours. Nul doute que cette proposition viendra nourrir le débat en cours sur l’articulation d’une histoire politique ou culturelle des années 68. 2Dans une ambitieuse Histoire du rire et de la dérision, Georges Minois ne consacre qu’une petite partie de son livre à l’époque contemporaine [1]. Quel point de vue faut-il en effet adopter esthétique, littéraire, sociologique, anthropologique ? L’approche critique doit-elle être multidisciplinaire et nécessairement éclatée – c’est celle défendue par la revue Humoresques [2] – ou y a-t-il la place pour une démarche historienne ? Et pour quel genre d’histoire ? On l’aura compris, l’espace humoristique est encore en défrichement sinon en déchiffrage, territoire propice aux hypothèses les plus stimulantes mais aussi aux inévitables approximations méthodologiques [3]. Dans l’ouvrage de Georges Minois, le moment 1968 » apparaît étonnamment absent d’une réflexion qui fait la part belle, pour la fin du 20e siècle, aux travaux de Gilles Lipovetski sur la société humoristique [4] ». Georges Minois semble ainsi déplorer la généralisation d’un esprit postmoderne, où les médias imposent un comique de rigueur, un rire soft et cool, où l’ironie est vide de sens, où la dérision tourne à vide, quelles que soient les intentions subversives. On est alors véritablement dans le dérisoire, mais au sens de l’insignifiance. 3Pourtant, en dépit de ce constat un peu désabusé sur une société médiatique », qui nous empêcherait de rire librement et sainement, la définition d’André Breton et des surréalistes, selon laquelle l’humour est une révolte supérieure de l’esprit » nous paraît toujours avoir une réelle dimension historique, notamment lorsque le contexte s’y prête. Et, justement, le contexte de Mai 68 et de l’après-68 en France, à travers une formidable libération de la parole, puis des mœurs, oblige à une réflexion sur la dimension humoristique de cette libération, et plus précisément dans le registre complexe de la dérision [5]. 4Mais ce registre a-t-il une épaisseur chronologique ? Comment borner une histoire de la dérision [6] » autour des événements de 1968 ? Deux photographies, prises à douze années de distance – la première en mai 1968 et la seconde en décembre 1980 – fournissent une première réponse en forme de correspondance dans le temps et dans l’espace. Ces clichés révèlent en effet deux formes d’appropriation sauvage de l’espace public, aux dépens des affiches politiques classiques. Le premier – célèbre et si souvent reproduit – est signé Henri Cartier-Bresson [7]. Il suggère le contraste entre la France conservatrice de 1968 et la jeune France soixan-te-huitarde le slogan libertaire Jouissez sans entraves » recouvre alors des affiches notamment du PCF, ce qui laisse un digne vieux monsieur perplexe… ou rêveur ! Les murs ont alors la parole et la prennent sans retenue, comme un nouveau langage de dérision. Le second est l’affiche d’un meeting de Coluche à la bourse du travail de Lyon [8], alors qu’il défend sa candidature à l’élection présidentielle de 1981. Un candidat de la dérision du politique, humoriste de profession, dont le programme » se rattache sur certains points au slogan de mai affiché sur les murs. 5À partir de ces deux photographies et du lien que l’on peut établir entre elles, il est possible de poser quelques questions d’ordre général, comme autant d’hypothèses de travail. Y a-t-il une forme d’humour et de dérision propre à Mai 68, en tout cas véritablement innovante en la matière ? Les formes d’humour et de dérision qui se développent en France dans les années 1970 et 1980 peuvent-elles se rattacher, de près ou de loin, à un esprit de 68 » une ombre portée » ? ou ne sont-elles finalement que des avatars de la société de masse, en pleine digestion d’une hypothétique culture ou pensée 68 » [9] ? Peut-on distinguer dans l’abondance et la diversité culturelles des années qui suivent 1968 un certain nombre de personnages, de médias, de productions qui sont porteurs d’un humour spécifiquement post-soixante-huitard » ou que Mai 68 a contribué à diffuser ? Coluche est-il notamment le produit dérivé » de cet humour ? Et après lui certains programmes satiriques diffusés dans les médias ?Le moment 68, entre dérision et esprit de sérieux6D’abord, une première mise au point en forme de réponse globale Mai 68 est un mouvement très sérieux » dans son ensemble. Faire la révolution n’est pas un divertissement léger, où l’on s’amuse. Olivier Rolin, un ancien de la Gauche prolétarienne, dans son roman Tigre en papier [10], a rappelé à sa façon que la plupart des groupes gauchistes – maoïstes, dans le cas présent – se prennent terriblement au sérieux, oubliant sans doute l’un des slogans de l’Odéon occupé Prenons la révolution au sérieux, mais ne nous prenons pas au sérieux ». Les rares crises de rire, dans le récit de Rolin, sont autant de transgressions à la ligne générale du groupuscule et sont des actes quasi bourgeois » ! Pourtant, l’auteur admet que tout pourrait bien, à certains moments, se terminer dans un grand éclat de rire, à condition de trouver ridicules les sentences du Grand Timonier. Ce sérieux proclamé, assez psychorigide, n’empêche pas la contestation de s’alimenter à certaines sources d’humour et de dérision. Mai 68 reste un immense happening aux aspects libertaires et festifs [11] ; d’un certain point de vue, il constitue une révolution par la dérision. 7Difficile en effet de dénier tout humour à Mai 68, notamment à travers un certain nombre de mots, de slogans [12], de maximes, de tracts, d’affiches, de fresques, de caricatures, de graffitis dirigés contre les pouvoirs et la société bourgeoise et parfois aussi contre certains acteurs du mouvement, tel le PCF. C’est non seulement la grammaire de la contestation 68 [13] », mais aussi son esthétique. L’éphémère publication Action [14] – faite sur le modèle graphique de Black Dwarf en Angleterre [15]– a de toute évidence un côté festif ; certains articles de La Cause du peuple rappellent l’humour décapant des publications anarchisantes de la Belle Époque comme L’Assiette au beurre ou Le Père peinard. Les ateliers des Beaux-Arts rue Bonaparte ont produit dans l’effervescence des œuvres qui renvoient autant au gauchisme ou à l’anarchisme qu’aux aphorismes et aux collages dadaïstes et surréalistes. On trouve aussi à Censier, à Nanterre ou à la Sorbonne de jolies formules certaines apocryphes ou simplement rapportées, dont le célèbre marxiste, tendance Groucho ». De même, l’activisme situationniste ne manque pas d’humour, même s’il est parfois involontaire. Si l’influence politique des situationnistes dits enragés » demeure épisodique – au sein par exemple des comités d’occupation de la Sorbonne, qu’ils ne contrôlent que quelques jours –, l’impact des avant-gardes situationnistes est bien réel dans les milieux artistiques des années 1968. Raoul Vaneigem et Guy Debord encouragent ainsi dans les années 1960 les opérations de détournement de la culture de masse [16], par exemple des comics bandes dessinées, essentiellement d’origine anglo-saxonne et du cinéma. En 1968, des comics par détournement » fleurissent ainsi au beau milieu des tracts politiques les bandes dessinées sont alors une nouvelle conception de la praxis révolutionnaire, une forme prolétarienne de l’expression graphique [qui] réalise le dépassement de l’art bourgeois » [17]. Dans les années 1970, l’artiste situationniste Jean-Jacques Lebel organise des happenings à base de provocations multiples, considérant notamment la pornographie comme un genre humoristique. Le détournement iconoclaste de la culture de masse est l’un de ses thèmes de prédilection artistique, mais il s’agit autant d’un effet 68 » que du prolongement d’un concept de dérision né à la fin des années 1950, à travers le Pop Art ou le Nouveau gauchisme à la contre-culture8Justement, après Mai 68, que reste t-il de ce que l’on peut qualifier provisoirement d’humour contestataire ? N’y a t-il pas un repli vers un certain conformisme ou alors vers des formes de contre-culture souvent méprisées des révolutionnaires orthodoxes, on pense au psychédélisme hippie, à l’écologie baba-cool, à l’anarchisme fêtard, au postsituationnisme ? En fait, rien n’est simple. En effet, c’est l’humour – nous y reviendrons à propos de certains médias – qui permet de faire le lien entre le gauchisme et la contre-culture, notamment psychédélique, telle qu’elle s’est épanouie dans le monde anglo-saxon depuis le milieu des années 1960. 9Cela dit, il est évident que le passage du sérieux au rire n’a pas été chose facile – et même impossible, sûrement – au sein de groupes radicaux, qui vivent plus ou moins bien leur dépression post-68 ». D’autant que rire, cela signifie aussi savoir rire de soi. Bonne nuit les petits ! » titre ironiquement Action en se sabordant lors de l’élection de Georges Pompidou en 1969 [18]. L’autodérision n’est donc pas très fréquente, du moins à l’époque. Un exemple assez révélateur est celui du FHAR Front homosexuel d’action révolutionnaire, qui tient ses réunions régulières de 1971 à 1973 dans l’amphithéâtre des Loges aux Beaux-Arts [19]. Dans ce qui devient très vite un happening permanent, le militantisme d’un Guy Hocquenghem est assez vite dépassé par les folles radicales appelées Gazolines », qui n’ont que faire de la phraséologie gauchisante. La libération de la parole gay prend les formes inattendues de la dérision Prolétaires de tous les pays, caressez-vous », Nationalisons les usines à paillettes », CRS, desserrez les fesses ! Gauchistes vous aussi », tandis que les Beaux-Arts deviennent un lieu de drague privilégié pour les homosexuels parisiens. De même, lors de l’enterrement du militant maoïste Pierre Overney en 1972, les Gazolines voilées de noir scandent Liz Taylor, Overney, même combat », au grand dam des activistes de la Gauche prolétarienne. 10Ce type de happening prolonge en acte la libération de la parole initiée en Mai 68, mais il trouve assez peu d’écho au-delà d’une certaine communauté initiée, tandis qu’il apparaît dans sa dérision comme bourgeois » par les militants les plus radicaux. L’expérience de fête révolutionnaire » menée par les spontanéistes ou anarcho-maoïstes, plus connus sous le sigle VLR Vive la Révolution ou Mao-Spontex, demeure ainsi sans véritable lendemain. Dans l’éphémère publication Tout ce que nous voulons [20], Roland Castro défend avec Stéphane Courtois et Guy Hocquenghem une révolution festive et libertaire, jusqu’à ce que le psychanalyste Lacan le détourne en 1972 de cette ligne intellectuelle jugée sans issue [21]. Quant à la revue L’Idiot international, elle est moins l’expression d’un courant de dérision que le projet un peu mégalomane de son fondateur, Jean-Edern Hallier, celui de fonder autour de sa personne un grand journal gauchiste. 11De toutes les façons, il reste difficile aux mouvements contestataires – qu’ils soient situationnistes, gauchistes, féministes, écologistes – de s’exprimer ouvertement dans les grands médias, surtout audiovisuels. À la radio et la télévision, en dépit de quelques espaces de liberté à la radio le Pop Club » de José Artur et surtout Campus » de Michel Lancelot sur Europe n° 1, un conformisme assez pesant caractérise l’après-Mai 68, et cela jusqu’en 1974-1975, à quelques exceptions près. Quant aux radios dites libres » en fait illégales, appelées aussi radio-pirates, elles sont quantité négligeable sur le sol français jusqu’à la libéralisation des années 1980, ainsi Radio Campus à Lille en 1969 ou Radio verte à Paris en vecteurs d’un nouvel humour contestataire12Alors, comment peut s’exprimer un humour contestataire post-68, toujours suspecté de porter en lui des germes de révolte ou du moins d’anarchie, même si tous les médias ne relèvent pas du monopole public ? Y a-t-il de la censure ou de l’autocensure ? En réalité, l’époque est plutôt propice à la liberté d’expression, en dépit d’un certain nombre d’interdictions ponctuelles et du sentiment quelque peu paranoïaque des gauchistes. Cette liberté se manifeste notamment dans trois domaines d’expression d’abord le cinéma, ensuite le café-théâtre et le music-hall, enfin la presse, à laquelle on peut associer la bande dessinée. 13Existe-t-il d’abord un véritable cinéma post-68 » [22] ? Un certain nombre de films tournés après 68 relèvent du cinéma expérimental ou restent dans la tradition de la Nouvelle Vague comme Tout va bien de Jean-Luc Godard 1972, La Maman et la putain de Jean Eustache 1973, La Salamandre d’Alain Tanner 1971, du documentaire militant tel Camarades de Marin Karmitz 1969, de la chronique sociale comme On n’arrête pas le printemps de René Gilson en 1971, sur les lycées de l’après-68 ou l’intimiste Erica minor de Bertrand Van Effenterre 1974, de la fable utopique Valparaiso, Valparaiso de Pascal Aubier, 1969 et de la farce anarchiste La Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky, 1969. Le film très remarqué de Barbet Schroeder More 1969, avec la musique entêtante de Pink Floyd, est plus un film de dénonciation des illusions hippies et psychédéliques que de dérision humoristique des années Woodstock. Plus proche de certains thèmes soixante-huitards apparaît Les Valseuses de Bertrand Blier 1974, qui raconte la cavale de deux marginaux anticonformistes sur fond de libération des mœurs. Le film fait scandale. Son interdiction aux moins de 18 ans en dit long sur les blocages d’une société qui prend comme un coup de poing cette aventure amorale, mais d’un réalisme cru. 14Quelques ovnis cinématographiques relèvent d’un humour plus particulier, comme La Dialectique peut-elle casser des briques de Gérard Cohen et René Viénet 1973 et L’An 01 de Jacques Doillon 1972, avec la participation de Jean Rouch et Alain Resnais. La Dialectique est un détournement situationniste [23] des films de kung-fu taiwanais, à la recette très simple. Il s’agit de sous-titrer et dialoguer des films en modifiant radicalement leur sens initial, ce qui leur donne un contenu subversif – révolutionnaire ? – très inattendu et plutôt comique. Le détournement a, par cette méthode, une triple fonction destruction-dévalorisation radicale de l’art, propagande révolutionnaire, et réalisation du jeu et de l’esthétique ludique dans le déconditionnement de l’humour [24]. » Quant à L’An 01 [25], il est co-écrit par le dessinateur de bande dessinée Gébé, qui a d’abord publié les planches de L’An 01 dans le journal gauchiste Politique Hebdo. L’An 01 apparaît comme une fable post-soixante-huitarde traitée comme un faux reportage – en noir et blanc – qui montre les premiers mois d’une révolution culturelle et sociale, où l’on remettrait en cause dans la bonne humeur le travail, le couple, l’école, l’armée, la propriété privée. Le scénario du film est d’ailleurs plus ou moins déconstruit sur des slogans de 68, teintés d’écologie et de situationnisme ludique [26] Et si un jour on arrêtait tout ? Plus de travail, plus d’horaires, plus de voitures, plus de télévision. On prendrait le temps de flâner, de discuter, de chanter, de faire l’amour, de cueillir une fleur […]. Le temps de vivre tout simplement. Ce serait l’an 01 d’une ère nouvelle. » Le casting du film est hétéroclite on y rencontre pêle-mêle des dessinateurs de BD Cabu, Gotlib, l’équipe de Hara-Kiri, des chanteurs politiquement engagés tels Jacques Higelin – à l’époque du film retiré dans une communauté hippie – ou François Béranger, ainsi que des comédiens débutants promis à un bel avenir Coluche, Romain Bouteille, Gérard Depardieu, Miou-Miou, Christian Clavier…. 15La présence de Romain Bouteille apporte à ce film un peu de la loufoquerie du café-théâtre, un genre qui connaît un grand succès public après Mai 68. C’est en effet en juin 1969 que Bouteille ouvre Le café de la gare, d’abord à Montparnasse puis rue du Temple. Ce spectacle innove par rapport au café-concert ou au traditionnel music-hall, en ce sens qu’il fonctionne en véritable communauté artistique. Appelée ainsi pour des raisons fiscales mais aussi parce que les acteurs servent au public une boisson – lequel public paie ou ne paie pas sa place après tirage au sort –, cette communauté relève d’un mélange entre l’esprit potache et l’anarchisme soixante-huitard. La devise du Café de la gare joue sur l’autodérision C’est moche, c’est sale, c’est dans le vent. » Sa troupe forme une bande de copains » formée au hasard des événements de mai sans y avoir toujours participé activement [27] ; elle joue des spectacles mi-écrits mi-improvisés, suites de sketches loufoques comme Des boulons dans mon yaourt collectif, 1970, Le Jaune devant le marron derrière collectif, 1973, Les Semelles de la nuit Romain Bouteille, 1974, Le Graphique de Boscop Sotha, 1975-1976. 16Le Graphique de Boscop est une pièce puis un film-culte, sorti en 1976, assez représentative d’un café-théâtre, certes burlesque, mais aussi politiquement incorrect, s’affranchissant volontiers des normes artistiques. L’argument de Boscop est d’une loufoquerie à la Pierre Dac, mais il rappelle aussi dans un genre différent les désopilants Shadoks [28] de la télévision c’est l’histoire de la famille Dindon, une famille de prolétaires un peu ahuris dont le père est éboueur et inventeur d’une machine qui a de commun avec Potemkine qu’elle est la voix du peuple », en fait une machine-à -faire-des-chansons-à -succès, et dont le fils est un débile social qui se révèle un génie des mathématiques. Le succès de ces spectacles est tel que le café-théâtre devient presque une institution dans la deuxième moitié des années 1970 en 1974 se produit la troupe du Splendid, qui crée en 1977 avec une bande de joyeux drilles plutôt issus des beaux quartiers, Amours, coquillages et crustacés, adapté en 1978 au cinéma sous le titre Les Bronzés. 17Autre succès du café-théâtre, celui des humoristes Patrick Font et Philippe Val [29], qui se produisent au début des années 1970 au Théâtre de Dix Heures et inventent une sorte de cabaret gauchiste », mêlant réflexions politiques, critiques de la société du spectacle et humour graveleux. Le duo, qui séduit un public de lycéens et d’étudiants bien au-delà du militantisme gauchiste, fonde une troupe installée au Vrai Chic parisien Sainte-Jeanne du Larzac en 1974. Les deux compères, en dépit de leurs provocations, n’en sont pas moins remarqués par certains médias l’imitateur Thierry Le Luron, plutôt classé à droite, invite Patrick Font dans son émission télévisée dominicale de grande audience de janvier à juin 1973 et José Artur sur France Inter programme quelques sketches ou chansons. 18D’une façon générale, la chanson française engagée » de l’après-68 [30] n’est pas tout à fait à l’unisson du café-théâtre. Elle n’est pas spécialement humoristique, mais plutôt poétique et parfois lyrique Paris mai de Claude Nougaro, Au printemps de quoi rêvais-tu ? de Jean Ferrat, Comme une fille de Léo Ferré, Le Temps de vivre de Georges Moustaki. Elle participe aussi du renouveau d’un folk song contestataire, inspiré des modèles anglo-saxons et qui séduit plusieurs générations. Ancien ouvrier de Renault, François Béranger connaît un certain succès avec ses Tranches de vie 1969, qui résument sur une musique country l’itinéraire d’un prolétaire né en 1937, de la guerre d’Algérie à Mai 68. Né en 1949 dans un milieu plus intellectuel, Maxime le Forestier est renvoyé du lycée Condorcet avant les événements de mai et se lance dès 17 ans dans le cabaret rive gauche ». Au début des années 1970, il apparaît comme le porte-parole de la génération lycéenne post-68, romantique et baba cool », déjà écologiste, toujours révoltée mais aussi un peu désabusée. Le troubadour barbu critique l’armée dans Parachutiste, dans un genre antimilitariste assez classique qui lui vaut une interdiction à la radio ; dans la chanson Comme un arbre, il fait sienne la génération née dans les grands ensembles et le béton. Enfin c’est Renaud, né en 1952 mais déjà actif sur les barricades de mai [31], qui apparaît au milieu des années 1970 comme un Gavroche folk, quelque part entre Béranger, Bruant et Bob Dylan. Dans Camarade bourgeois, il tourne en dérision les fils à papa », dans Jojo le démago, le président des gogos… qu’a trahi les prolos », dans Amoureux de Paname les écologistes du sam’di soir ». Hexagone 1975 dénonce à la fois le populisme ambiant et la société de consommation, non sans revisiter l’histoire de France la Révolution de 1789, Vichy, Charonne, Mai 68…. Le Roi des cons, sur son trône, il est Français ça j’en suis sûr », chante Renaud dans une veine libertaire qui va en partie assurer son succès. 19Renaud devient le porte-parole d’un puissant courant anti-autoritaire, qui traverse les années 1970. On retrouve largement ce courant dans la presse de la contre-culture, associé à des thèmes plus spécifiques l’écologie, le pacifisme, la sexualité, la drogue. L’humour et la dérision constituent de ce point de vue des armes redoutables. Ainsi, la presse gauchiste la plus radicale n’a jamais dédaigné la caricature, à travers les dessins de Willem dans L’Enragé, de Gébé dans Politique Hebdo, sans compter tous ceux publiés dans Action, Tout ou L’Idiot. Mais y a-t-il eu en France une presse qui aurait plus cultivé la satire et la dérision que l’engagement politique d’extrême gauche ? Il faudrait en fait distinguer plusieurs types de publications de la contre-culture. Beaucoup sont éphémères et se résument à des tracts, des numéros ronéotypés, notamment lycéens ; quelques-unes tentent de poursuivre l’expérience d’un journalisme de combat, jusqu’à la création du quotidien Libération en 1973 [32] ; un certain nombre défend des causes quasi communautaristes féministes, homosexuelles, régionalistes, écologistes ainsi La Gueule ouverte [33] ou régénèrent une tradition satirique plus ancienne comme Hara-Kiri et Charlie Hebdo ; enfin dans un genre nettement plus anglo-saxon, le magazine Actuel imite l’underground free press née au milieu des années 1960, avec comme modèles OZ ou International Times en Angleterre, Rolling Stone aux États-Unis [34]. 20Hara-Kiri, le journal bête et méchant » est né bien avant 1968 [35] c’est en septembre 1960 que François Cavanna et Georges Bernier le professeur Choron » lancent ce mensuel satirique. On y trouve déjà des dessins de Cabu, Reiser, Wolinski, Topor et Hara-Kiri devient célèbre en raison de ses démêlés avec la justice. Il y développe un humour à la fois anarchiste, subversif et amoral, à base de scatologie et de situations salaces, de blagues de mauvais goût, de détournements provocateurs de la culture de masse la publicité, le roman-photo. Hara-Kiri est sans doute le journal qui érige le mauvais goût et la provocation antibourgeoise à un degré extrême sinon extrémiste pour l’époque. Pour ses lecteurs d’avant-68, qui s’expriment aujourd’hui sur les forums Internet, il apparaît que Mai 68 n’aurait pu avoir lieu sans Hara-Kiri ou du moins que le journal bête et méchant entre pour une grande part dans le souffle libertaire – et libertin ? – qui anime Mai 68 et les années qui suivent. Alors s’agit-il une fois de plus d’une reconstruction un peu nostalgique, comparable à celle qui a touché le rock ainsi Serge July déclarant vingt ans après Mai 68 qu’il n’y aurait pas eu de Mai 68 sans le rock [36]. C’est possible, mais le groupe de presse Hara-Kiri les Éditions du Square, profite incontestablement de l’effet 68. Le 3 février 1969 Cavanna lance Hara-Kiri Hebdo qui devient L’Hebdo Hara-Kiri en mai 1969, avec une étroite collaboration de dessinateurs satiriques, le Hollandais Willem un ancien provo, Wolinski, Cabu, Reiser, Gébé. Cavanna croit nécessaire de publier une charte de Hara-Kiri Hebdo et rappelle les principes qui fondent la ligne éditoriale de ce journal il faut être fidèle à la laïcité, à la défense de l’écologie, aux idéaux des Lumières, aux droits de l’homme, à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et à la dénonciation de la cruauté contre les animaux. Ce n’est pas tout à fait un programme révolutionnaire ou même libertaire, mais plutôt un programme républicain tout n’est donc pas permis dans le registre de la dérision ! Pourtant, la première interdiction tombe en novembre 1969 pour pornographie et en novembre 1970, à la mort du général de Gaulle, L’Hebdo titre Bal tragique à Colombey 1 mort [37] ». Le journal est à nouveau interdit par les services du ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin – lequel fait aussi annuler des festivals pop, puis interdire des organisations gauchistes, ce qui en fait la bête noire de la presse alternative [38]. Nullement découragé, Cavanna lance Charlie Hebdo, plus politisé avec Delfeil de Ton comme chroniqueur et qui dure dans sa formule d’origine de 1970 à janvier 1982, tandis que Hara-Kiri reparaît ensuite dans une formule mensuelle, proche de celle d’avant 1969. 21L’une des conséquences du succès de ces publications – et tout particulièrement de Charlie Hebdo – est l’évolution du genre de la bande dessinée, jusque-là bien cadré par la loi de 1949 et sagement représenté en France par Pilote, dirigé par René Goscinny, l’un des pères d’Astérix. C’est dans ce journal destiné aux enfants et adolescents que la plupart des auteurs de BD ont fait leurs classes, comme Cabu ou Reiser, et l’historien de l’humour ne peut ignorer l’influence d’un esprit Pilote » sur la jeune génération des années 1960. Pilote ne s’émancipe véritablement qu’à partir de 1968, sans pour autant se mettre hors la loi – le père fondateur veille au grain, jusqu’à sa mort en 1977. Ainsi Marcel Gotlib crée-t-il entre 1968 et 1972 la Rubrique à Brac, savoureux mélange de parodie, de dérision et d’absurde, bien dans l’esprit du temps, qui succède aux sages Dingodossiers, scénarisés par Goscinny. Mai 68 est passé par là et Pilote change incontestablement de ton les jeunes lecteurs de l’époque s’en aperçoivent ! Toutefois, ses collaborateurs se sentent encore bridés Gotlib fonde en 1972 L’Écho des savanes avec Mandryka et Claire Brétecher trimestriel puis mensuel puis en 1975 le trimestriel Fluide glacial, sorte de version pour adultes de Pilote avec la mention réservé aux adultes » et véritable pépinière de talents Binet, par exemple. 22Actuel est d’une nature un peu différente. Ce journal est fondé en 1970 par Jean-François Bizot [39], Michel-Antoine Burnier et Bernard Kouchner sur une plateforme dite underground, en référence à la contre-culture d’origine anglo-saxonne. Le journal connaît son apogée entre 1971 et 1973, en reprenant un slogan censé fédérer les hippies et les gauchistes Sexe, rock ’n’ roll, drogue, fête et révolution ». Aux États-Unis, cette hybridation a produit les yippies de Jerry Rubin, un mouvement très radical mais ouvert à toutes les influences de la rock culture [40]. Il s’agit aussi, d’une certaine façon, de passer de Lénine à Lennon [41] ». Une des couvertures d’Actuel donne le menu sociologique de la révolution pour le plaisir » et réunit dans un même élan le hippie-baba-cool, l’étudiant-gauchiste et le prolétaire-ouvrier [42]. Les thèmes privilégiés du journal sont le rock, le féminisme tendance MLF, la drogue, l’homosexualité, la libération sexuelle, le voyage à Katmandou, souvent traités avec une dose d’humour et accompagnés de dessins, notamment ceux de l’Américain Robert Crumb. Jean-François Bizot considère qu’Actuel se situe dans la continuité non politique du délire de Mai 68 [43] ». La première formule du magazine ne résiste en fait qu’un an au giscardisme et à la société libérale avancée. Selon Bizot, le déferlement de l’érotisme au milieu des années 1970 et la banalisation des thèmes de la contre-culture ont rendu le journal sans objet, d’autant que la crise économique a fait disparaître ce qui restait d’insouciance et de légèreté dans les utopies cas Coluche23À ce stade de notre étude, alors que la crise économique commence à s’inscrire dans le paysage politique et social, le retour à Coluche s’impose. On retrouve d’abord le chansonnier au cœur de quelques expériences libertaires post-68, Le café de la gare, L’An 01 et l’équipe de Hara-Kiri/Charlie Hebdo. Pourtant, Michel Colucci, ce fils d’un immigré italien, né en 1944, sans autre diplôme qu’un certificat d’études, est paradoxalement passé à côté de Mai 68, en spectateur amusé. Il raconte avec un évident sens de la dérision son expérience – il se produisait alors dans les cabarets de la Montagne Sainte-Geneviève – des réunions d’artistes J’ai pris un pied terrible aux réunions de comédiens à la Sorbonne. J’ai vu des mecs qui sont devenus révolutionnaires en trente secondes. Y’avait des spectacles gratuits, pour le peuple, et la caractéristique de ces spectacles, c’était le nombre de ringards, des mecs qui avant la révolution ne chantaient nulle part, on pouvait plus les sortir de scène. Ils y tenaient des heures et des heures. Y chantaient tous, les mecs [44]. » D’après ses biographes [45], une anecdote est significative. Interpellé sans ses papiers d’identité, le 12 juin 1968 à 19 h 30 boulevard Beaumarchais, où a lieu une manifestation, il déclare le procès-verbal a été exhumé ! J’allais chez Paul Beuscher pour chercher des cordes pour ma guitare. Je ne manifeste pas. » 24Quoi qu’il en soit, après son succès au café-théâtre, Coluche devient au milieu des années 1970 une grande vedette de la culture de masse [46], à la fois clown et chansonnier, auteur de sketches qui le propulsent en tête d’affiche à l’Olympia, animateur de radio très populaire et provocateur sur Europe n° 1 et RMC, comédien de cinéma, tout en poursuivant sa collaboration avec la contre-culture anarchisante il pose pour de nombreuses couvertures salaces de Hara-Kiri, collabore à Charlie Hebdo. Il semble surtout que Coluche a été capable de marier de multiples traditions populaires, celles du cirque, du music-hall, du cabaret, avec un sens aigu du social, avec ses sketches sur le racisme, sur les Français moyens, sur le sport, les médias. Son goût pour la provocation et la vulgarité, loin de n’amuser qu’une élite complice, plaît au plus grand nombre, ce qui lui ouvre la porte de tous les médias, sans exception, y compris la télévision publique. Il s’agit aussi pour Coluche de faire reculer les frontières de l’humour et de la dérision, dans une attitude de transgression des barrières respectables de l’humour. Tout est possible on peut rire de tout et sans tabous, y compris bien entendu de la démocratie représentative. 25En projetant de se présenter aux élections présidentielles de 1981, l’humoriste, dans un acte aussi pataphysique que situationniste, se situe certainement dans la vieille perspective du bouffon du roi, mais il apparaît aussi comme le représentant – peut-être le dernier du genre – d’un certain esprit de Mai ». Ce n’est pas un hasard si l’idée de la présidentielle vient de son ami Romain Goupil, comédien et cinéaste, qui lui écrit une partie de ses textes pour la radio. Or, Goupil est un ex-militant d’extrême gauche, l’un des fondateurs des Comités Vietnam lycéens dans les années 1967-1968, à la tête des Comités d’action lycéenne en 1968, membre de la JCR d’Alain Krivine et le réalisateur de Mourir à 30 ans 1982, film où il revient sur le suicide de son compagnon de lutte Michel Recanati. 26Le programme électoral bleu blanc merde » de Coluche [47] est un manifeste-canular à mi-chemin entre l’anarchisme bon enfant, le gag potache et l’inventaire à la Prévert version Charlie. Il n’est pas sans rappeler à travers ses slogans – il est le seul candidat qui n’a pas besoin de mentir » – Alphonse Allais et son Captain Cap 1902, satire caustique et fantaisiste du monde politique. Certes, cette candidature déplaît dans l’ensemble au gauchisme pur et dur, mais elle a tout de même le ferme soutien des journaux de la contre-culture, tels Hara-Kiri et Charlie Hebdo, qui publient le manifeste électoral du candidat. Elle peut aussi compter sur Libération, le quotidien s’étant en 1978 éloigné du gauchisme pour devenir un quotidien politique et culturel généraliste dans le vent ». Le Nouvel Observateur, encore mal remis de l’éviction de Michel Rocard à la candidature présidentielle lui consacre sa une, mais fait vite machine arrière. À cette presse de gauche se joint une partie de la jeunesse lycéenne et étudiante, d’un certain nombre d’artistes du showbiz et de la chanson. Dans le Comité de soutien à la candidature de Coluche [48], on est assez peu étonné d’y trouver Serge July, Jean-Luc Godard, Romain Bouteille ou Daniel Cohn-Bendit mais un peu plus surpris de voir qu’un certain nombre d’intellectuels tels Pierre Bourdieu, Gilles Deleuze ou Félix Guattari soutiennent cette candidature atypique. Le soutien d’un Bourdieu [49] s’explique par le fait que le sociologue déclare ne pas aimer les partis politiques », mais aussi parce qu’il croit très sérieusement aux vertus citoyennes de la société civile », dont Coluche est alors pour lui le meilleur représentant. À tel point d’ailleurs qu’avec 12 % et même 16 % dans certains sondages d’intentions de vote, Coluche se prend au jeu et donc au sérieux ; il fait peur aux politiques et suscite contre lui une campagne de presse soigneusement orchestrée. Lorsqu’il se retire de la course en avril 1981, Pierre Bourdieu lui-même stigmatise les professionnels de la politique qui ont refusé à ce casseur de jeu le droit d’entrée, que les profanes lui accordaient massivement ». Face au danger potentiel que représente cette candidature atypique, le pouvoir – à gauche comme à droite, car Coluche a inquiété tous les appareils – reprend la main, un peu comme il a pu le faire en Mai 68, c’est-à -dire sans ménagement, en mettant en avant la défense des valeurs démocratiques et celle des institutions – et surtout la sacro-sainte fonction présidentielle. C’est aussi l’analyse d’Arnaud Mercier, pour lequel le cas Coluche illustre parfaitement ce qui peut advenir lorsqu’un bouffon outrepasse les limites à l’intérieur desquelles il a traditionnellement le droit de tout dire et de tout faire [50] ». En fait, Coluche est à son tour la victime du processus de dérision qu’il avait cru pouvoir contrôler se sentant rabaissés et humiliés, les gens sérieux » fourbissent les mêmes armes ironie, mépris, coups bas pour disqualifier l’ l’éclat de rire au grand cauchemar » ?27L’échec du candidat Coluche marque t-il alors la fin d’une certaine forme de dérision post-68, celle d’une contre-culture protéiforme, dont l’humour masquerait la vacuité intellectuelle et artistique [51] ? Il est devenu assez courant depuis le début des années 1980 de tourner en dérision la pensée 68 » et de la rendre responsable de la confusion des valeurs, du nivellement par le bas et de la dictature du tout culturel » [52]. D’une certaine façon, les années 1980 apparaissent comme une concrétisation de certains idéaux de Mai, alors que les soixante-huitards sont passés allègrement du col Mao au Rotary [53] » et se retrouvent dans les allées du pouvoir l’écologie politique fait une percée notable, les valeurs hédonistes n’ont jamais été aussi partagées et revendiquées, les étudiants nés en 1968 occupent de nouveau les rues en 1986, contre le projet de loi Devaquet, tandis que la libéralisation des ondes provoque une véritable flambée libertaire. Ainsi la radio libre » Carbone 14 à Paris fait-elle de la dérision un succès d’audience [54] elle adopte entre 1981 et 1983 un ton décalé, mélange d’esprit Hara-Kiri, d’humour à la Coluche et de café-théâtre déjanté. Les animateurs comme les auditeurs de cette station éphémère ne sont plus des soixante-huitards », mais des jeunes nés à la fin des années 1950, qui ont baigné dans l’atmosphère particulière des années 1970 ils ont été baba-cool » puis punk ». À la fin des années 1980, c’est cette même génération post-68 qui fait le succès des émissions parodiques sur Canal +, d’abord Les nuls » 1987-1988, puis Les guignols de l’info » à partir de 1988. La satire de la télévision comme de la politique – et plus largement de la société du spectacle » n’est certes pas nouvelle, mais elle est porteuse d’une forme de dérision postmoderne », qui ne se fixe plus de limites. Il devient interdit d’interdire » dans certains médias audiovisuels, qui ont compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de ces formes de provocation. C’est le triomphe d’un rire qui contribuerait selon le sociologue Paul Yonnet à l’installation d’un nouvel ordre moral médiatique [55] », qui domine tout particulièrement les shows télévisés. Selon Paul Yonnet ce comique consiste à être cynique, amoral, grossier, ordurier, anticlérical, de s’avouer cruel, alcoolique, obsédé sexuel, de détester la religion, de défendre le droit de tricher […] de se moquer des Juifs comme des paysans normands… » Ce que dénonce – ou constate simplement – le sociologue, c’est le moment où les téléspectateurs complices des shows médiatiques ne savent plus prendre la distance indispensable que requiert la caricature ou l’humour et considèrent le dédain et le mépris comme les formes normales des relations humaines et sociales. Les hommes politiques eux-mêmes s’en rendent complices, participant aux émissions les plus racoleuses, lançant des bons mots » ou des calembours de plus en plus douteux. Quant aux anciens papes de la contre-culture, ils cultivent la nostalgie distante des valeurs libertaires, qu’il convient surtout de ne plus prendre au sérieux [56]. C’est le conformisme de l’irrévérence, la banalisation du rire, aussi provocateur soit-il, et d’une certaine façon aussi l’entrée en dérision » d’une société en plein vide critique ». Rendre Mai 68 seul responsable de ces dérives apparaît tout aussi excessif que de lui imputer la perte de l’autorité des familles, de l’École ou de l’État. La société des années 1980-1990 est devenue de fait plus éclatée, plus individualiste, attachée au bien-être et au paraître, faisant de la dérision une valeur quasi consensuelle et donc sans aucune force véritablement subversive. Les engagements collectifs aussi ont changé de nature les grandes causes humanitaires, fortement médiatisées, ont remplacé les idéologies. Sur fond de crise économique et de montée de la pauvreté, Coluche crée Les restos du cœur » en 1985, comme réponse au mal être social. L’événement n’est plus du domaine de la contre-culture il est médiatisé par TF1 aux heures de grande écoute, réunissant en direct une pléiade de chanteurs de variété, de sportifs, de comédiens, d’animateurs de radio et de télévision, d’hommes politiques [57]. C’est, pour reprendre l’expression de François Cusset, le grand cauchemar [58] » d’une fin de siècle qui semble avoir enterré les rêves de 1968, sans en assumer pleinement l’héritage [59]. Notes [1] Georges Minois, Histoire du rire et de la dérision, Paris, Fayard, 2000, p. 510-579. Il s’agit de l’une des seules synthèses historiques sur le sujet. [2] Revue semestrielle publiée par l’Association pour le développement des recherches sur le comique, le rire et l’humour CORHUM et le Centre de recherche interdisciplinaire sur l’humour CRIH – Paris-VIII. [3] L’historien du culturel très contemporain travaille sur un terrain saturé de sources témoignages, analyses socio-historiques, philosophiques, journalistiques, productions médiatiques de toute nature. Il est aussi prisonnier des mémoires générationnelles », y compris parfois de la sienne. Les outils méthodologiques se consolident depuis une vingtaine d’années mais les pièges demeurent nombreux. [4] Gilles Lipovetsky, L’Ère du vide, essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, 1983 ; Gilles Lipovetsky a prolongé sa réflexion dans Le Bonheur paradoxal, Paris, Gallimard, 2006. [5] La dérision est une attitude plus nettement méprisante que l’humour. Il existe en effet dans la dérision une dimension critique qui n’est plus tout à fait celle du détachement humoristique, dans la mesure où l’on cherche à rendre un fait ou un personnage insignifiant. Elle tend à devenir, selon Arnaud Mercier un redoutable instrument de jugement social, de défoulement et d’agression […] mais aussi parfois d’innovation, car en contestant on s’affirme et on s’oppose à des codes existants pour en proposer d’autres » Arnaud Mercier, Pouvoirs de la dérision, dérision des pouvoirs », Hermès, dossier Dérision-Contestation », 29, 2001. Lorsqu’elle se fait catharsis, elle peut se révéler une salutaire purgation, au sens aristotélicien du terme. Selon Christian Savès, elle est une des catégories fondamentales de l’expérience humaine » et une dimension essentielle de la conscience historique » Christian Savès, Éloge de la dérision, une dimension de la conscience humaine, Paris, L’Harmattan, 2007. Pour certains médecins et psychologues, elle est aussi une expression psychotique, au sens où son emploi permet d’annuler la portée de ce qui est exprimé ou montré et de neutraliser l’autre » par le mépris ou l’humiliation. [6] Notons que pour d’autres périodes historiques par exemple le Moyen Âge, la dérision devient un sujet majeur de recherche, lire notamment Élisabeth Crouzet-Pavan et Jacques Verger dir., La Dérision au Moyen Âge de la pratique sociale au rituel politique, Paris, Publication de la Sorbonne, 2007. Les auteurs montrent que la dérision est une arme redoutable d’humiliation et de disqualification, très codifiée à l’époque médiévale. [7] Henri Cartier-Bresson, Rue de Vaugirard, Paris, mai 1968. [8] Votez Coluche », bourse du travail de Lyon, du 18 au 23 décembre 1980, 21 heures. [9] Pour reprendre l’expression de l’ouvrage polémique de Luc Ferry et d’Alain Renaut, La Pensée 68, essai sur l’anti-humanisme contemporain, Paris, Gallimard, Folio », 1988. [10] Un roman très autobiographique publié au Seuil en 2002. [11] On pense aux grandes fêtes antiques ou médiévales comme les Saturnales romaines, les fêtes des fous, de l’âne, aux carnavals. Lire aussi Élisabeth Crouzet-Pavan et Jacques Verger dir., op. cit. Toutefois, il faut se garder de réduire Mai 68 à une grande fête estudiantine, au risque d’un contresens total sur la nature politique et sociale du mouvement. [12] Ronald Landheer, L’humour contestataire les slogans de 1968 », Humoresques, 19, janvier 2004. [13] Bernard Brillant, Les Clercs de 68, Paris, PUF, 2003. [4] Action est une publication née le 5 mai 68 et qui survit un peu plus d’un an de manière épisodique. Y participent notamment certains fondateurs d’Actuel mais aussi de Libération. [15] Journal de la Nouvelle Gauche anglaise fondé en mai 1968 par Tariq Ali. Ouvert à la contre-culture pop il considère Mick Jagger comme l’égal de Marx et d’Engels Black Dwarf du 27 octobre 1968. De nombreux intellectuels de gauche y écrivent librement, comme le dramaturge David Mercer, l’historien Eric Hobsbawm. [16] Guy Debord, Mode d’emploi du détournement », Les Lèvres nues, 8, mai 1956. Une autre forme de détournement est celle des mots, initiée par l’Oulipo dans les années 1960 et dont on ne peut sous-estimer la posture de dérision », même si le lien avec Mai 68 n’est pas évident à établir. [17] [18] Allusion à la célèbre émission pour enfants des années 1960. [19] Gulliver, 1, novembre 1972. En décembre 1971 paraît L’Antinorm, revue du FHAR. [20] Jean-Paul Sartre est le directeur de publication de ce bimensuel. [21] Roland Castro n’a toutefois pas abandonné la posture de dérision contre le politiquement correct » si l’on en croit les propositions présidentielles de son Mouvement de l’utopie concrète en 2007 http// www. utopiesconcretes. org/ . [22] Le festival Résistances » de Tarascon-sur-Ariège avait pour thème de son millésime 1998 68 n’est pas fini », avec une programmation cinématographique éclectique. [23] La Dialectique peut-elle casser des briques ? n’est qu’un exemple parmi les nombreux détournements situationnistes de films orientaux, dont le sinologue René Viénet est le spécialiste, ainsi L’Aubergine est farcie, Une soutane n’a pas de braguette, Mao par lui-même, Chinois, encore un effort pour être révolutionnaire, Du sang chez les taoïstes, Dialogue entre un maton CFDT et un gardien de prison affilié au syndicat CGT du personnel pénitentiaire. La Dialectique est en visionnage libre sur http// www. ubu. com/ film/ vienet. html. [24] Thomas Genty, op. cit. [25] Réédition des planches de L’An 01 aux éditions L’Association 2000. Le film est alors un succès public cent vingt-cinq mille spectateurs sur près de vingt semaines d’exploitation dans deux salles du Quartier Latin. [26] L’An 01 n’est pas une œuvre situationniste, mais elle reprend à son compte sans les prendre vraiment au sérieux toute une série de propositions situationnistes sur la libération sociale. [27] On y voit notamment Romain Bouteille, Coluche, Henri Guybet, Sotha, Renaud Séchan, Martin Lamotte, mais aussi le trio des Valseuses, Patrick Dewaere, Miou-Miou et Gérard Depardieu. [28] Les Shadoks », ORTF, 1968-1969. [29] Philippe Val est actuellement le rédacteur en chef de Charlie Hebdo. [30] J. Béreaud, La chanson française depuis Mai 68 », The French Review, 62 2, décembre 1988. [31] On lui doit notamment la chanson Crève Salope, composée dans la Sorbonne occupée, manifeste rageur contre l’autorité des parents et surtout des professeurs et des flics ». [32] F. Samuelson, Il était une fois Libé, Paris, Flammarion, éd. rev. et corr., 2007. [33] La Gueule ouverte offre peut-être un intérêt humoristique limité, mais il traduit bien les débuts de l’écologie politique. Son fondateur, Pierre Fournier, transfuge de Charlie Hebdo, imprime à ce journal qui paraît jusqu’en 1980 un ton décalé et proche de la contre-culture. [34] Voir l’exposition The Sixties, années utopies, 1962-1973, France/Grande-Bretagne », BDIC, 1996. [35] Alexandre Devaux, Hara-Kiri mensuel, le berceau de l’humour bête et méchant », Humoresques, 23, janvier 2006. [36] Ancien maoïste et cofondateur de Libération, Serge July a cherché dans les années 1980 à culturaliser » Mai 68 et à pratiquer, selon les termes de François Cusset, la réduction rétrospective de l’événement social à ses seuls avatars culturels » François Cusset, La Décennie le Grand Cauchemar des années 1980, Paris, Albin Michel, 2006. De fait, lorsque July parle de Mai 68 comme d’une révolution rock » Libération, hors série, mai 1988, L’album de nos 20 ans » , c’est oublier que les gauchistes français n’écoutaient pas beaucoup cette musique ou s’en cachaient. [37] Allusion au fait divers du dancing de Saint-Laurent-du-Pont, début novembre, où 156 jeunes gens trouvent la mort dans un incendie L’Hebdo Hara-Kiri, 94, 16 novembre 1970. [38] Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur de 1968 à 1974, procède notamment en juin 1973 à la dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire. Il est souvent caricaturé par la presse d’extrême gauche sous les traits d’un CRS, la matraque à la main. [39] Jean-François Bizot, Free Press la contre-culture vue par la presse underground, Paris, Panama, 2006. Actuel renaît dans les années 1980 sur des bases postmodernes, nettement moins contre-culturelles. [40] Jerry Rubin, Do It, Paris, Seuil, Points », 1971. [41] L’ex-Beatles John Lennon est au début des années 1970 le symbole de la contre-culture anglo-saxonne, militant avec son épouse, l’artiste japonaise Yoko Ono, pour la paix dans le monde, tout en revendiquant ses origines de classe working class heroe. [42] Actuel, juin 1971. Le même numéro consacre aussi un article au nouveau gauchisme » et à VLR. [43] Apostrophes, Farceurs et pasticheurs », A2, 1er avril 1977. L’émission est intéressante à plus d’un titre, les invités Bory, Averty, Bizot revendiquant à des degrés divers le droit à l’humour et à la rigolade » comme droit citoyen. [44] [45] Philippe Boggio, Coluche, l’histoire d’un mec, Paris, Flammarion, 2006. [46] Bertrand Lemonnier, Coluche, roi de l’époque », L’Histoire, 276, mai 2003. [47] Hara-Kiri, 231. [48] Charlie-Hebdo, 5 novembre 1980. [49] Ce soutien a été largement commenté. Pierre Bourdieu s’en est beaucoup expliqué, notamment dans l’émission de France Culture Les chemins de la connaissance » et ses entretiens avec Roger Chartier 1988. [50] Arnaud Mercier, op. cit. [51] Alain Finkielkraut a stigmatisé dans l’émission Esprits libres » les ravages de l’humour coluchien et du on peut rire de tout », mais existe-t-il aujourd’hui en France l’équivalent d’un Coluche ? Esprits libres », France 2, le 2 mars 2007 [52] Luc Ferry et Alain Renaut, op. cit. ; Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée, 1987. Les années 1980 voient en effet l’extension du terme de culture à tous les domaines de la vie quotidienne et de la production de masse. Une paire de bottes vaut Shakespeare », lance Finkielkraut dans un raccourci dérisoire. [53] Guy Hocquenghem, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Paris, Albin Michel, 1986. [54] France Culture, La Fabrique de l’Histoire », janvier 2007 Histoire des radios libres en France ». [55] Paul Yonnet, La planète du Rire, sur la médiatisation du comique », Le Débat, mars-avril 1990. [56] Dans les années 1980-1990, lorsque Jean-François Bizot relance Actuel, il contribue à la nostalgie très fin de siècle des années 1970, désormais distanciées et réhabilitées, y compris sur le plan politique les années Pompidou » et les années Giscard ». [57] TF1, 26 janvier 1986. [58] François Cusset, op. cit. Cet ouvrage offre un panorama éclaté mais saisissant de la décennie 1980 et de la fin des idéologies. [59] Jean-Pierre Le Goff, Mai 68, l’héritage impossible, Paris, La Découverte, 2006. [*] Agrégé de l’université et docteur en histoire, Bertrand Lemonnier est professeur de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand Paris. Il a notamment participé à deux ouvrages sur Mai 68 Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel dir., 68, une histoire collective La Découverte, 2008, ainsi que Henri Rey et Jacques Capdevielle dir., Dictionnaire de Mai 68, Larousse, 2008.
claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir